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« Vous voici bien morose, aujourd’hui.
– C’est que je n’éprouve aucune envie d’être ici…
– Allons, mon vieux, de quoi vous plaignez-vous ? Vous avez la belle vie : vous vivez au chaud chez votre ancien voisin dont personne ne sait qu’il a trépassé, vous arrivez à occire de temps à autre des enfants ou des prostituées pour vous nourrir sainement, votre goutte ne vous fait jamais souffrir grâce à la cargaison de laudanum que vous avez saisie sur le navire naufragé. 
– Si seulement j’avais des amis… 
– Des amis ? Et nous, alors ? 
– Des amis non fongiques, je veux dire !
– Des amis non fongiques ? Il faudrait être fou ! »

//Sylvain-René de la Verdière & Francis Thievicz © 


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news#0266

Quelques parutions notables chez La Clef d’Argent :
La Porte sans fin et autres zeppelineries, de Francis Thievicz. Recueil regroupant l’intégralité des textes de l’auteur parus dans nos pages depuis 2013. On y retrouve également des co-écritures avec Sylvain-René de la Verdière, Céline Maltère et Hugues Canetti. Préface de Sylvain-René de la Verdière.
La Confrérie de la Tête de Lion, un court roman fantastique de l’Archiviste suivi d’un article historique sur la bataille de Vinon-sur-Verdon de 1591.
Ailleurs sont parus :
Le Novelliste n°6, avec au sommaire Céline Maltère et Sylvain-René de la Verdière.
La Main d’Emeline, roman d’Yves Letort, chez Ginkgo.

news#0264

Rétro-agenda des auteurs :
– Retrouvez Yves Letort dans L’Ampoule HS n°11, dans Lard-Frit n°2. et dans 48 dédicaces modèles pour tous usages, paru au Club Samizdat (collection des éditions Deleatur)
Pascal Dandois est au sommaire de l’Opuscule HS n°15 spécial fantastique aux éditions Lamiroy. Vous le trouverez également dans Traction-brabant n°100, dans Le Génie libre et dans nombre de publications de Cokilles, feuilles libres en distribution anarchique accueillant Sylvain R:é dans le numéro 1=2. Enfin, Histoires Urticantes, recueil de nouvelles de Pascal est paru aux éditions Douro.
– Retrouvez Anthony Boulanger au sommaire u numéro 33 de la revue Gandahar.
– Pour finir, Céline Maltère figure dans le second numéro de la revue Littératures & Cie.

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L’enfant a craché dans le ruisselet à ses pieds. La pastille mousseuse descend le cours avec grâce. Sa route est dégagée de tout obstacle. L’eau, encore claire, recouvre des petits galets fauves, gris, veinés, ou troublés comme des billes de verres abrasées par le roulement. À son passage, la glaire y jette son ombre fugace et déformée par l’onde. Les remous et les tourbillons respectent par miracle la cohésion de la salive. Le garçonnet l’accompagne, dédaigneux des griffures de la végétation. Il accélère son pas lorsque la navigation se tourmente. Quelques brins de flore apparaissent dans le lit du ruisseau devenu turbide. Le glaviot garde son cap au milieu du flux. Le cours d’eau ne grossit plus, s’apaise de nouveau, il se jette droit dans une divagation du Fleuve, en une traînée plus claire qui s’épanouit un temps dans l’ocre du limon. Le crachat bifurque, comme avisé de sa route. Il rejoint, un peu plus loin, l’écume jaunâtre qui borde les herbes noyées des talus. L’enfant descend au plus près de l’échouage, contemple l’osmose qui s’opère entre l’écume et le crachat, comment les bulles se durcissent et forment des coques qui brunissent à mesure de leur transformation, le temps que le soleil se couche. Fixées à des plantes vénéneuses, elles attendent d’éclore en d’horribles réplications, roses et luisantes de sanies. Les larves ensemenceront le Fleuve en aval avant leur remontée à maturité, dans le tumulte, la boue et l’entre-dévoration finale qui ne laissera qu’un survivant, couturé, solitaire, crachant à la surface du timide affluent, dans le but de recommencer le cycle. Le garçonnet, après une agonie brève, dévale la berge et, à l’ascension de la lune, entre en putréfaction afin de nourrir sa descendance.

Un crachat//Yves Letort ©

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Très cher professeur Britagnier,

Lors de recherches documentaires que j’ai entreprises en l’absence de notre cher documentaliste pendant cette période de fêtes, j’ai découvert, au sous-sol de l’Institut, cette étrange chaise giratoire et néanmoins lévitante. Pensant à quelque subterfuge, j’ai tenté de l’approcher, mais figurez-vous qu’elle ne s’est pas laissé faire ! Elle me suit depuis cet instant et je ne parviens pas à m’en dépêtrer… c’est la raison pour laquelle je fais appel à votre expertise. En espérant que ces images, enregistrées à l’aide du kinétoscope spectro-voltaïque de Perronet, soient suffisantes pour votre analyse.

Amike,
Sylvain-René de la Verdière

La chaise giratoire et néanmoins lévitante//Sylvain-René de la Verdière ©
sur un titre de Philippe Gindre

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Parutions récentes :
lipu tenpo #6, revue numérique en toki pona avec mun lili pi toki pona de Sylvain-René de la Verdière, saynète parue dans nos pages lors de la Saison 1 et issue du recueil Memento Temporis (Ed. de l’Antre)
Turbulences Vidéo #112, revue numérique avec Flux et densité, de Pascal Dandois
Les Cahiers européens de l’imaginaire #10, revue avec Monde d’ombres de Pierre Celka
Des jasmins en bord de mer, anthologie poétique avec deux poèmes de Pascal Dandois

A paraître :
Vie de Mancus, de Céline Maltère. Recueil de poèmes faisant suite aux Rhinolophes, chez Les deux Crânes.